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Deux chefs-d’œuvre de l’École de Nancy aux enchères

Lundi 31 Mai 2021

La paire de chevets Art Nouveau créée en 1904 par l’ébéniste Eugène Vallin pour la chambre à coucher de Pierre Bachelard et Renée Masson, la fille de Charles Masson, sera vendue aux enchères le dimanche 6 juin au château d’Artigny en Touraine.


« Ce sont des pièces uniques, très rares sur le marché, pour lesquelles nous n’avons aucune référence de prix », s’enthousiasme Me Jacques Farran, commissaire-priseur à l’étude Rouillac, à Vendôme, dans le Val de Loire. Les objets pour lesquels le professionnel se montre si admiratif sont deux magnifiques chevets Art Nouveau signés Eugène Vallin qui seront présentés dimanche 6 juin, à la vente aux enchères de prestige « Garden Party » organisée au Château d’Artigny, en Touraine, par l’étude Rouillac. La paire de chevets est estimée entre15 000 et 20 000 euros.

Deux autres meubles au Musée d’Orsay

« Ces chevets ont été commandés par Charles-Masson, beau-frère du grand mécène de l’École de Nancy Eugène Corbin, à l’occasion du mariage en1904 de sa fille, Renée Masson, héritière des Magasins réunis, avec l’avocat Pierre Bachelard », explique Jacques Farran.« Charles Masson avait déjà fait appel un an plus tôt à Eugène Vallin, assisté de Victor Prouvé, pour la réalisation d'une exceptionnelle salle à manger aujourd’hui exposée au musée de l’École de Nancy, ancienne maison Corbin. En février 1904, l’ébéniste a reçu la commande d’une salle à manger et d’une chambre à coucher pour l’appartement que le jeune couple occupait au 8, rue Mazagran à Nancy. Les chevets ont ensuite été conservés chez Alphonse Gaudin, dans sa célèbre maison construite par l’architecte Biet au 97 rue Charles-III. Au début des années 1960,ils ont été achetés par Pierre Danchin, ancien doyen de l’Université de droit de Nancy II, avant que ses enfants les confient aujourd’hui aux enchères. Le lit et l’armoire qui composaient la chambre à coucher du couple Bachelard-Masson comprenant également une coiffeuse, ont, quant à eux, été acquis en 1982 par le Musée d’Orsay où ils sont exposés ».

Actif dans les premières années du XXe siècle, Eugène Vallin, né à Herbévilliers en1856 et décédé à Nancy en1922, est avec Majorelle, Daum ou Prouvé, l’un des chefs de file du mouvement Art Nouveau en Lorraine. Son style expressif, ses jeux de lignes, le raffinement de ses œuvres et la rareté de ses productions en font aussi l’un des plus appréciés des collectionneurs.

Un fond en marbre blanc

« Les deux chevets qui seront mis en vente ont la particularité d’avoir été réalisés en bois de santal, appelé aujourd’hui bois de padouk », détaille l’expert. « C’est un bois très précieux que l’artiste a mouluré et sculpte en quart de cercle. Chacun des meubles s’ouvre en partie haute par une porte vitrée galbée qui dévoile une étagère en verre et trois tiroirs. En partie basse, on trouve une porte révélant un fond en marbre blanc pour que l’on puisse y poser un pot de chambre. Le sommet est coiffé d'un fronton se terminant par des volutes à gorge formant une niche. Les deux pieds antérieurs sont subtilement mouvementés et l’on peut apprécier des poignées de tiroirs « roseaux » et des boutons de portes en laiton doré...Cela forme un ensemble tout à fait remarquable ».Selon Me Farran, les deux chevets, aux dimensions tout à fait inhabituelles (1,86 m de haut), illustrent la période « expressive » d'Eugène Vallin. « Sur ces meubles, la gaine de Vallin, l'une des grandes constantes de son art, fait la liaison entre le fronton et la porte vitrée ».