Voyage Pictural
Vendredi 16 Septembre 2022 à 11h29
Pour leur vente inaugurale, les jeunes commissaires-priseurs Julie Le Brun et Jacques Farran convoquent le baron Gros, Paul Jouve, Pablo Picasso, mais aussi un habit de clown.
Pierre Loti (1850-1923), Paul Jouve (1878-1973), Un pèlerin d’Angkor, illustrations de Jouve gravées sur bois par François-Louis Schmied (1873-1941), in-4°, reliure plein maroquin havane mosaïqué signée Gruel, édité à Paris chez Paul Jouve et F.L. Schmied, 1930. Estimation : 4 000/6 000 €
Elle a déjà fait l'objet d'un article "Découverte" (voir Gazette n°29, page 30) : une toile Antoine-Jean Gros (1771-1835), estimée 80 000/120 000 €, rappelle l'une des plus importantes commandes impériales du peintre.
A la suite du rétablissement du culte catholique au Panthéon par Napoléon Ier, le ministre Jean-Pierre Bachasson de Montalivet s'adresse à lui, en 1811, pour la réalisation du décor pour la coupole. L'œuvre décrit l'apothéose de sainte Geneviève recevant les hommages de Clovis, Charlemagne, Saint Louis et l'Empereur, ce dernier étant ensuite remplacé par Louis XVIII. Présente dans la vente après décès de l'artiste, en 1835, puis probablement acquise par Etienne François Haro, cette esquisse montre les personnages de Charlemagne et de son épouse Hildegarde. Finalement terminée en 1824, la décoration picturale vaudra à sont auteur d'être élevé au rang de baron par Charles X ! Parmi les nombreux peintres présents à ce sommaire, on distinguera aussi Paul Jouve, référence dans le domaine de l'illustration depuis l'édition mythique de 1920 du Livre de la jungle. On fera par la suite souvent appel à lui, notamment pour ses talents de peintre animalier. Ce fut le cas pour Un pèlerin d'Angkor de Pierre Loti, où l'écrivain voyageur nous emmène en Indochine, qu'il a visité en 1901, réalisant là un rêve d'enfant. Un livre sorti en 1912, mais qui revit de cette édition de 1930, tirée à 225 exemplaires, tous sur vélin de Lana. Elle est de plus reliée par Léon Gruel, avec un décor sur les plats composé de triples filets dorés s’entrecroisant, au centre desquels s’inscrit en maroquin rouge un large motif à l’indienne mosaïqué, le tout enrichi de fers dorés en arabesques. Paul Jouve est l’auteur de 63 illustrations, enrichies dans cet exemplaire d’un dessin gouaché à pleine page d’un buffle d’eau, lequel est dédicacé au dos « Cordialement à mon ami Monsieur Noir ». À cela s’ajoute une lettre à en-tête de l’atelier de Léon Gruel, précisant : « Monsieur Jouve qui est venu hier a beaucoup admiré la reliure ». Dernier atout et non des moindres : cet ouvrage provient de la collection du filleul de Paul Jouve, Monsieur N.
DIMANCHE 25 SEPTEMBRE, MONTPELLIER - CASTELNAU-LE-LEZ.
FARRAN ENCHERES OVV. M. VEYSSIERE, CABINET TURQUIN.
Estimée 5 000/8 000 €, cette eau-forte sur petit papier vergé au filigrane correspond à la planche 41 de la « Suite Vollard ». Elle a été réalisée par Pablo Picasso (1881-1973) le 20 mars 1933 et représente des Sculpteurs, modèles et sculpture (33,5 x 44 cm). C’est sur commande de son marchand Ambroise Vollard que l’artiste a exécuté cette série de cent estampes entre 1930 et 1937. Elle sera imprimée en 1939 par le graveur Roger Lacourière, à 260 exemplaires petit format et 50 grand format, mais ne sera commercialisée que dans les années 1950, en raison de la mort de Vollard et de la guerre. Sans doute inspirées du Chef-d’œuvre inconnu de Balzac, ces estampes s’ouvrent sur le thème de l’atelier du sculpteur, le modèle représentant Marie-Thérèse Walter, alors compagne de l’artiste (Mme Collignon).
Dans cette huile sur toile provenant d’une collection particulière montpelliéraine, Árpád Szenes (1897-1985) livre un intime Portrait de Fernanda de Castro (65 x 50 cm). Le modèle est une figure de la littérature portugaise. Elle était une amie du couple formé par Árpád Szenes et Maria Helena Vieira da Silva, qu’elle rencontra lorsqu’ils quittèrent Paris pour Lisbonne, en 1939. Le peintre l’imagine assise dans un « Mystérieux jardin de ma lointaine enfance, Royaume ensorcelé perdu dans la distance ». Il faudra compter 4 000/6 000 € pour son acquisition.
DIMANCHE 25 SEPTEMBRE, MONTPELLIER - CASTELNAU-LE-LEZ.
FARRAN ENCHERES OVV.
Porté sur scène par Monsieur Maxime, du cabaret de Madame Arthur créé en 1946 rue des Martyrs, dans le quartier de Pigalle, ce costume de scène du clown triste en tissu brodé de sequins, à décor de poissons et coquillages dans des fonds marins, est daté vers 1955. Le col et les poignets sont soulignés de dentelle et de galons de Lurex doré. Pour le revêtir, sachez qu’il mesure 110 cm de haut, et est estimé 1 000/1 500 €.
Ce carnet relié comprend environ cinquante dessins à la mine de plomb couchés sur quarante-trois pages (18,5 x 13,5 cm). Ces études de l’artiste Frédéric Peyson (1807-1877) sont consacrées à des scènes de style troubadour, de balcons de théâtre ou militaires, aux mendiants, aux femmes, aux petits métiers, ou encore aux zouaves, probablement du Risorgimento italien. Prévoir 3 000/5 000 € pour cet ouvrage provenant de Laure Boyer, la nièce du peintre, puis resté dans sa descendance. Originaire de Montpellier, Peyson est sourd et muet depuis l’enfance. Malgré ce handicap, il entre aux Beaux-Arts de Paris, intégrant les ateliers du baron Gros et d’Ingres. S’il était enregistré comme « peintre d’histoire », il appréciait aussi les sujets militaires, populaires et régionalistes.