La Maison Farran présente une aquarelle originale de Dalí
Lundi 15 Mai 2023 à 15h37
À l'occasion de la seconde vente « Les Phares », l'étude Farran nous dévoile une aquarelle originale signée Salvador Dalí ! Cette œuvre est une des cent illustrations de La Divine Comédie de Dante réalisée par l'artiste catalan. Jacques Farran et Julie Le Brun nous présentent cette aquarelle d'exception.
Présentez-nous cette œuvre de Dalí...
Julie Le Brun : À l'occasion du 700° anniversaire de la mort du grand poète et philosophe florentin Dante Alighieri, l'État italien commande à Salvador Dalí en 1950 une suite d'œuvres sur papiers pour illustrer La Divine Comédie. Une fois les dessins exécutés la commande est malheureusement annulée, on préfère un artiste italien par nationalisme, et c'est l'éditeur français Joseph Foret et les Heures Claires qui publieront finalement ce qui sera l'un des plus célèbres livres illustrés de Dalí entre 1959 et 1963. Notre œuvre est l'une de ces 100 aquarelles originales qui ont servi à tirer des gravures. Elle représente le XXIe chant du paradis, plus exactement l'échelle mystique.
Est-ce rare de voir des aquarelles de Dalí aux enchères?
Jacques Farran : II faut savoir que cette aquarelle a été tirée à des centaines d'exemplaires en gravure. Il s'agit ici de l'originale. Aujourd'hui la plupart des aquarelles de Dalí sont dans des Institutions publiques. Autant des œuvres de Dalí tirées en estampes on en voit assez souvent - d'ailleurs André Breton aimait à dire de Dalí qu'il était « Avida Dollars », joli anagramme - mais des œuvres de Dalí du type de cette aquarelle, c'est très rare sur le marché. Cette œuvre n'a jamais été présentée sur le marché de par sa provenance exceptionnelle. Elle a d'abord appartenu à l'éditeur des Heures Claires qui la ensuite vendue au propriétaire. Ce sont les héritiers de ce propriétaire qui nous ont contactés pour la présenter aux enchères.
Pouvez-vous nous la décrire ?
JLB : Dans La Divine Comédie il y a l'Enfer, le Purgatoire et le Paradis. Dans l'échelle mystique il a représenté Béatrice, sa muse, son amour de toujours. Lui est en face, auréolé de sa couronne de lauriers. Ils sont tous les deux au pied de l'échelle mystique, celle dont on ne peut jamais voir le bout et d'où jaillissent ces anges baignés de lumière.
JF : C'est une représentation des supramondes. C'est ce qui intéresse Dalí aussi chez Jérôme Bosch. Il y a des parties extrêmement détaillées, d'autres qui sont plus fondues parce que dans le texte il y a tellement de lumière que ça devient presque invisible. Il y a également un ange extrêmement dalinien dans sa représentation. On prend souvent Salvador Dalí pour un illuminé alors qu'il s'agit d'un artiste d'une culture hors normes. Depuis sa tendre enfance Dalí lisait Dante. Il y a sans doute un parallèle à faire entre cet ouvrage écrit en exil, et l'exil de Dalí lui-même durant 8 années aux USA. De retour à Portlligat entre 1950 et 1952, on imagine Dali lire ce chef-d'œuvre de la littérature mondiale et faire danser ses pinceaux entre mysticisme et classicisme.
Où l'avez-vous trouvée?
JF : Derrière les portes de l'Enfer ! Cette aquarelle était dans une armoire XIXe sur les terres catalanes natales de Dalí, à l'abri des regards quelques marches vers le Paradis...
JLB : On voit d'ailleurs que l'état de conservation est exceptionnel, c'est très frais !
D'autres lots « Salvador Dali » seront présentés à la vente « Les Phares ». Le rendez-vous est donné le dimanche 11 juin à 14h au Kiasma de Castelnau-le-Lez.
Par Thibault LOUCHEUX