Motif récurrent dans l’œuvre de Moïse Kisling, le mimosa se prête comme nulle autre fleur au jeu de l’empâtement et à l’harmonie des couleurs. Il exécute ce bouquet ensoleillé alors qu’il s’installe dans le sud de la France.

Si le thème du mimosa apparaît dès les années 1920 dans son œuvre, c’est à partir de 1937, alors que Moïse Kisling s’installe dans la villa La Baie qu’il a faite construire à Sanary-sur-Mer, que le motif prend de l’ampleur dans sa peinture. Il puise son sujet directement dans son jardin, où fleurit l’Acacia dealbata. D’un tour de main très technique, le peintre excelle à rendre ces petites boules jaunes harmonieuses en les travaillant en relief. La fleur se prête remarquablement bien à ce jeu délicat d’empâtements, sans lequel elle pourrait paraître bien lisse, même morne. Dans ce Bouquet de mimosas, exécuté vers 1937, le bouton jaune contraste harmonieusement avec le vert des feuilles. Kisling prend soin de ne jamais le mélanger à d’autres fleurs : traité à part, sur un fond très simple brossé en aplat de manière à faire ressortir la couleur, le mimosa donne le meilleur de lui-même. C’est encore le fils de l'artiste, Jean Kisling, qui en parle le mieux : « Les mimosas étaient les fleurs qui donnaient le plus de travail à mon père. Il peignait chaque boule une à une, en faisant tourner rapidement son pinceau généreusement enduit de couleur. À la fin du mouvement, il reculait prestement la main, ce qui formait une petite pointe, un très bas relief. » Ce n’est peut-être pas un hasard si ce symbole de tendresse qu’est le mimosa occupait une place si grande dans l’œuvre de Kisling : amoureux de la vie et des petits bonheurs simples, le peintre cultivait le sens de l’amitié. Aussi n’eut-il pas de mal à se faire une place dans le cercle du Bateau Lavoir à Montmartre, en arrivant à Paris en 1910, encouragé par son maître de l'école des beaux-arts de Cracovie Józef Pankiewicz (1866-1940). Ami fidèle, il trouve auprès de Modigliani le réconfort nécessaire à ses maux d’exilé, travaille comme lui le nu et le portrait féminin, mais revient sans cesse à son sujet favori, expressif, éclatant et coloré qu’est le mimosa, cette fleur du soleil en hiver.

Entre les mains d’une collection d’industriels catalans, cette toile a été mise en dépôt et présentée dans le parcours permanent du musée de Céret entre 2021 et 2023. Le prêt est désormais sollicité pour une exposition dédiée à Moïse Kisling organisée par la villa La Fleur, à Konstancin-Jeziorna (Pologne) du 9 septembre prochain au 31 mai 2025.
Elle sera incluse au « volume IV et aux additifs aux tomes I, II et III » du catalogue raisonné de l’œuvre de l’artiste, actuellement en préparation par Marc Ottavi.

DIMANCHE 26 MAI, CASTELNAU-LE-LEZ.
FARRAN ENCHÈRES OVV. M. OTTAVI.

Par Vanessa Schmitz-Grucker

Moïse Kisling (1891-1953), Bouquet de mimosas, huile sur toile, signée en bas à gauche, vers 1937, 65 x 54 cm.
Estimation : 60 000/100 000 €

Photographie de William Moureaux, meilleur ouvrier de France

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